contexte
'cause the world is dying
endure & survive
— On avait un vieux pickup Ford F-100, avec ta mère. C'était une énorme voiture, comme un immense wagonnet de montagne russe, mais un des essuie-glaces était bousillé, alors je passais tout le temps mon bras par la fenêtre pour l'actionner. Ta mère était folle des champs de moutarde à l'époque, elle voulait toujours qu'on y passe quand venait les saisons chaudes et ensoleillées… Il y avait plus de gens alors, et moins de gens. C'était le cas partout dans le monde. Ainsi, commence ton éducation, mon garçon; à l'origine, le monde était un vaste champ et la Terre était plate. Les animaux de toutes espèces arpentaient les prairies et n'avaient pas de noms. Les grandes créatures mangeaient les plus petites, et personne ne trouvait rien à y redire. Et puis, l'Homme est arrivé. Il avançait courbé aux confins du monde, poilu, imbécile et faible. Mais il s'est multiplié et est devenu si envahissant, si tordu et si meurtrier que la Terre s'est mise à se déformer. Ses extrémités se sont recourbées lentement. Hommes, femmes et enfants luttaient pour ne pas tomber et rester sur la Planète, s'agrippant à la fourrure du voisin et escaladant le dos des autres jusqu'à ce qu'ils se retrouvent nus, frigorifiés et assassins, suspendu aux limites du Monde.
Le Père fit une pause et son fils demanda : — Et après?
— Au fil du temps, donc, les extrémités ont fini par se toucher. Elles se sont recroquevillées pour se rejoindre et former le Globe. Sous le poids de ce phénomène, la rotation s'est déclenchée, alors hommes et bêtes ont cessé de tomber. Alors l'Homme a commencé à observer l'Homme. Il était devenu si laid, avec sa peau nue et ses bébés pareils à des cloportes, ils se sont répandu à la surface de la Terre, massacrant et revêtant les peaux des bêtes les plus avenantes, indifférents aux réprobations de la Planète.
— Ha, lança le Fils. Mais ensuite?
— La suite devient trop complique à raconter. Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorces, d'argent, d'impôts et de champignons infectieux. Alors tout est parti en vrille…
novembre 2039
L'Humanité, telle que nous la connaissions, n'existe plus. La Fin du Monde a eu lieu. Tout est dévasté, couvert de cadavres et de nuages nauséabonds de spores infectieux. La peur au ventre, les survivants subsistent comme ils peuvent, organisés en milices et groupuscules, derniers bastions et remparts avant la chute de l'Empire de l'Homme. Partout, des hordes sauvages de mutants transformés par une infection au Cordyceps terrorisent ce qui reste de l'Humanité.